La Tour Blanche apparaît aujourd’hui comme un monument étrange : une tour inutile qui surplombe la vieille ville. C’est pourtant un monument cher au cœur des Issoldunois et des historiens. Ce n’est pas si courant, une tour du XIIe siècle aussi bien conservée, en plein centre-ville. On la voit de loin, mais plus on s’en approche, plus elle se cache derrière les toits de la ville. Pourtant de son sommet, on a une vue imprenable.

À l'origine, la Tour Blanche comptait cinq niveaux. On accédait au niveau de la salle d'honneur.
Les niveaux inférieurs, où étaient entreposées les réserves, étaient partiellement enterrés.
On a percé le mur au niveau du rez-de-chaussée
au XIXe siècle pour permettre l'accès.

Tour de guet / tour de défense

Les hommes postés à son sommet pouvaient surveiller l’approche de tout mouvement de troupes loin à l’horizon. La Tour Blanche était la pièce maîtresse d’un imposant dispositif de fortification. Le quartier du château était défendu par d’épais remparts, douze tours et des douves profondes. C’était un quartier à part, celui du pouvoir seigneurial et religieux. Au XVIIe siècle il était encore nettement séparé du reste de la ville, comme on peut le voir sur la maquette présentée au dernier niveau de la Tour. On y accédait par le pont-levis du Beffroi.

Une architecture singulière

La Tour Blanche n’est pas ronde. Elle a une forme dite « en goutte d’eau », cas unique en son genre. D’un diamètre de 14 mètres, elle fait 18 mètres avec son éperon, qui pointe en direction de l’Est, vers Bourges. Ses murs ont une épaisseur de 3,40 mètres et jusqu’à six mètres dans l’éperon, qui renferme les deux escaliers en colimaçon (le deuxième a été creusé en 2000 pour permettre la visite du public). La tour a une hauteur de 28 mètres, renforcée par le fait qu’elle a été construite sur une butte artificielle qu’on appelle « motte médiévale. »

Rez-de-chaussée

L'ouverture par laquelle on pénètre aujourd’hui dans le monument a été percée dans le mur en 1811. Cette haute salle circulaire et sombre, divisée en deux niveaux, abritait les réserves de vivres, de bois et d’armes. On y accédait par une trappe, depuis le niveau supérieur. Elle était prise dans la motte féodale environ jusqu'à mi-hauteur.

Premier niveau

La salle d’honneur, de forme octogonale est ornée d’une voûte d’ogive soutenue par huit colonnettes. On distingue encore dans le voutain des fragments d’une décoration de faux-joints ocre. Un tel soin architectural, pour un édifice militaire, souligne son importance symbolique et politique. La cheminée monumentale, les réserves et le puits percé dans l’épaisseur du mur offraient de bonnes conditions pour soutenir un long siège. On pénétrait dans cette salle depuis le chemin de ronde par deux accès.

Deuxième niveau

Également de forme octogonale, il était à l'origine divisé en deux niveaux. Le premier niveau constituait l’appartement seigneurial, où vivait le gouverneur de la tour. Le dernier niveau, à nouveau circulaire servait de salle de garde. À l’époque de Philippe Auguste, on estime la garnison d’Issoudun à 135 fantassins, archers et cavaliers...

Terrasse

Dans son aspect actuel, la terrasse date de la restauration de l’édifice au début du 19ème siècle. La verrière a été posée en 2000, ainsi que le grand escalier circulaire et la maquette qui représente la ville telle qu’elle devait être au 17ème siècle. Au 13ème siècle, les donjons étaient couronnés par un hourdage. Cette galerie en bois posée en encorbellement permettait de surplomber d’éventuels assaillants et de leur jeter de l'huile bouillante et autres projectiles. Depuis l’extérieur, on voit bien les trous de boulins, pièces de bois qui supportaient cette structure.